Christine HILLION-BAUDOIN

 

Photographe-Plasticienne

 

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Parcours de vie:   « parcours de sens » 

Le parcours de vie de Christine Baudoin est plutôt simple. Elle vit actuellement à Tours, ville où elle est née. Dès ces 18 ans en 1980, après avoir arrêté ses études en première, elle débute sa carrière professionnelle dans l’animation. 

C’est ensuite, autour de l'obtention d'un diplôme d'Infirmière de Secteur Psychiatrique et son entrée dans  dans les services du CHRU de Tours que va se construire tout le reste de sa carrière.

Cependant, c'est ce parcours professionnel quelque peu éloigné du monde de la création, qui l’a amené à développer et enrichir un travail et une démarche artistique.

 

Le sens des maux,

Son parcours professionnel s’inscrit dans le domaine de la Psychiatrie, de la Psychologie et de la Psychologie Sociale. Touchée par la souffrance psychique, elle choisit le métier « d’Infirmière de secteur psychiatrique » et participe à l’ouverture d’une petite unité pour adolescents « en situation de crise » au CHRU de Tours en 1989.

Les questions que suscitent ces situations et le désir d’accompagner au mieux ces adolescents font naître l’envie de reprendre des études ; d’où un cursus en Psychologie à l’Université François Rabelais à Tours de 1994 à 2006, en parallèle de son travail dans l’unité.

 

Le choc des cultures,

                De 1997 à 1998 celle-ci a la possibilité de partir étudier la Psychologie Sociale à l’Université de Montréal.

Un véritable choc des cultures s’opère alors ; choc qui vient déconstruire et reconstruire une partie de ses connaissances sur les comportements humains et les processus de pensée qui sont à leur origine. L’histoire d’un pays et  le fondement des égalités de droits qui en découlent, lui apparaissent déterminants pour expliquer certains phénomènes, voir certaines théories. Ainsi, une égalité de droit basée sur le respect de la différence donnerait lieu à des choix individuels en termes de « et » tandis qu’une égalité de droit basée sur le respect de la non-différence favoriserait des choix en termes de « ou » ; ce qui est aussi à l’origine d’une politique d’intégration Multiculturelle d’un côté, et d’une politique d’intégration Assimilationniste de l’autre et ce quelles que soient les différences en jeux ou en concurrences.

Ces différents constats l’amèneront dès son retour en France à déterminer les grands axes de ses futurs travaux de recherche en Psychologie Sociale. Une thèse est alors entamée.

 

S’interroger sur la pertinence de ces différents constats et sur leur validité n’a pas cessé depuis l’arrêt de ses études. Le besoin de comprendre et cerner l’incidence des phénomènes sociaux, ou encore l’incidence de l’environnement familial, social, culturel, etc… sur le psychisme des personnes, reste au centre de ses préoccupations.

Son besoin de déconstruire et reconstruire les processus de pensées en jeux dans l’interprétation et la compréhension du monde qui nous entoure vient aujourd’hui s’exprimer et se développer au travers d’un travail de création artistique.

 

Il ne s’agit plus d’expliquer, de théoriser mais de pratiquer et d’expérimenter….

 

 

Démarche artistique : De la théorie à la pratique,  à l’Expérimentation

 

De la théorie à la pratique,

D’une façon générale, le travail artistique de Christine Hillion-Baudoin, s’exprime et s’organise autour de lieux,  d’architectures, de paysages… et plus particulièrement autour de ce qui s’en dégage.  Depuis 2009, elle expose de façon régulière dans les lieux concernés par ses œuvres : Moulin du Louroux (avril 2009) , Serre du château de Launay (septembre 2009 et 2010) , Chapelle de l’école Maintenon (mai 2011) et Chapelle des Capucins (janvier 2013).

Les œuvres exposées (toiles, photographies) sont souvent mises en scène dans les lieux mêmes pour permettre aux visiteurs de découvrir ou redécouvrir ces derniers. Ses réalisations peuvent parfois être considérées comme de véritables installations lorsque c’est le lieu et non ses œuvres qui sont au centre de l’exposition (Serre du château de Launay, 2009 ; Chapelle de l’école Maintenon, 2011).

 

« Au départ, je faisais rouiller des plaques de métal sur des toiles et j’étais fascinée du résultat… je découvrais de véritables paysages imaginaires ; ça bougeait, ça vivait et le final m’échappait en partie. Lorsque je suis allée visiter le Moulin du Louroux et lorsque j’ai découvert la serre j’ai eu un choc : dans les deux cas les traces sur les murs étaient les mêmes que celles présentes sur mes toiles. J’ai donc décidé d’y présenter une création qui leur serait spécifique.. ou plutôt qui illustrerait la rencontre entre mon travail et le lieu. »

 

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Le Louroux, avril 2009

 

 

       
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Serre du Château de Launay, septembre 2009

 

 

Cette dernière exposition a été déterminante de ce besoin de témoigner, d’immortaliser et de partager ces jeux d’ombres, de lumières qui en faisaient une « Installation vivante ».

 

« J’étais tellement émue de ce qui se passait… ça vivait, ça se répondait… j’ai passé mes journées à regarder et à prendre des photos… je devais partager ça.. tout ce bonheur.. toutes ces émotions.. »

 

L’objet de cette première exposition de photographies et de leur mise en scène (septembre 2010) était donc de témoigner et faire vivre ces différents phénomènes.

 

 

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                                            Serre du Château de Launay, septembre 2010

 

 

Il ne s’agit donc plus d’expliquer et de transmettre de façon théorique ou objective une expérience, une émotion, une sensibilité. Dans son travail artistique, le public est sollicité pour expérimenter, vivre et s’approprier ces sentiments, ces questionnements. Autrement dit, le public est en quelque sorte lui aussi mis en scène… C’est le vécu ou encore le ressenti qui priment.

 

L’expérimentation ou « du dehors au-dedans »

 

« C’est de la mise en pratique… aujourd’hui mon travail artistique me permets de continuer mais différemment… le public peut expérimenter, pratiquer… et après on peut échanger, partager cette expérience..»

 

Ainsi, depuis 2 ans, sa démarche artistique consiste à interroger notre relation au monde au travers de photographies. Le choix de ce support est lié à sa volonté de provoquer un double phénomène de déconstruction-reconstruction. En effet, les images lui permettent de provoquer d’un côté la déconstruction-reconstruction de ce qui est  photographié et de l’autre la déconstruction-reconstruction du premier regard porté par chacun sur ce qui est photographié.

 

 

 

Le style photographique : le côté retro un peu lomo..,  le côté magique ou poétique.. de l’hipstamatic..

 

Pour exprimer et partager sa sensibilité, Christine Hillion-Baudoin a choisi de donner à ses photographies un aspect rétro, un peu lomo. Ceci lui permet également d’accentuer certains effets pour mieux changer notre regard et nous perdre dans le temps et dans l’espace.

 

Le côté retro, un peu lomo…

 

Dans un premier temps, passionnée d’objets et d’ambiances rétro et surtout vintage, elle s’intéresse à la lomographie qui permet d’obtenir des photographies décalées, voir inattendues. Utiliser des appareils argentiques aux boitiers plastiques et aux fonctionnalités basiques a un côté ludique et représente tout l’inverse de la photographie numérique où on vise plutôt un rendu professionnel, voire une perfection aseptisée. En effet, on laisse la photo se produire et qu’importe si le cliché est mal cadré, surexposé ou saturé.

Cependant, pas totalement satisfaite des résultats et des effets obtenus, elle décide alors d’utiliser son i-phone et plus particulièrement une application : l’Hipstamatic.

 

le côté magique, poétique.. de l’Hipstamatic ..

En effet, l’Hipstamatic est une application qui permet à celui qui pratique de revivre « ..l’expérience d’un utilisateur d’un appareil photo analogique d’il y a 30 ans.. ». Dans ce sens, des imperfections d’usages de l’époque ont été reconstituées et le viseur, très petit, fait qu’on est jamais sur que la photo soit bien cadrée. Le rendu, les couleurs, les effets sont obtenus à partir de différentes combinaisons qu’on peut composer soi-même en faisant varier objectifs et pellicules (combos).

« Utiliser mon i-phone c’est pour moi un bon compromis : ce n’est pas un appareil photo…, le viseur est très petit et pour le cadrage il y a toujours un côté aléatoire…, je choisis la couleur de pellicule en fonction des effets recherchés et ceux obtenus car l’image doit se rapprocher le plus possible de ce que je veux faire passer…  et concernant les objectifs je n’en ai pratiqué que deux sur…. je sais pas combien en fait. Autrement dit, une fois que j’ai choisis la couleur de pellicule je travaille comme tout photographe ; enfin je crois… »

 

Cette recherche esthétique, au centre du travail photographique de Christine Hillion-Baudoin, est totalement liée à son besoin de transformer l’ici et maintenant…. vers un ailleurs éventuel.  Le côté magique et poétique des images qu’elle nous propose n’est en fait que l’expression  ou encore l’illustration de ce qu’elle est : une idéaliste….. et une grande rêveuse.

« Ce que j’aime dans cette application c’est qu’elle me permets d’exploiter et de partager mon côté rêveur.. ou encore ce que j’ai appelé : Poétique du regard. Par exemple, lorsque je vois des visages dans les nuages, …des corps dans des racines.., certains effets ou encore certaines couleurs me permettent d’obtenir des images de ces illusions…. Ensuite, le côté rétro des photographies me permets d’accentuer le doute chez celui qui regarde… c’est quoi.. ? c’est truqué.. ? c’est retravaillé… ? Bref, j’aime partager et échanger sur ces impressions… c’est très important pour moi.. »

 

En conclusion :

Le travail photographique de Christine Hillion-Baudoin est lié aux différents éléments de sa vie et ce dans sa globalité. L’évolution de son travail suit donc celle de son parcours, de ses réflexions, de ces questionnements sur le monde et en ce sens en est le reflet et la porte d’entrée. Ses expositions, peuvent de ce fait, être considérées comme des expérimentations nécessaires à son évolution personnelle, professionnelle et artistique. En effet, ses photographies et leur mise en scène, représentent une sorte de va et vient entre subjectivité et objectivité, rêve et réalité, individualité et collectivité. Ces différents phénomènes, qui se déconstruisent et se reconstruisent au fil de ses expositions, illustrent le cheminement qu’elle veut partager avec le public.

En ce sens, la spécificité de son travail artistique revient à sa volonté de nous confronter à l’expérience d’un « Effet Miroir ». Ses photographies nous interrogent sans cesse sur notre interprétation et notre connaissance du monde en nous en proposant une image, reflet d’une autre réalité. Enfin cette « expérience de la déconstruction de soi » à laquelle nous sommes conviés à chacune de ses expositions ne serait-ce pas tout simplement la métaphore de « l’expérience du divan », de « l’expérience de l’analyse ».

 « Un jour, alors que j’étais adolescente un professeur m’a pointée que pour elle, le comportement de clown que j’avais en cours, avait un autre sens et pouvait parfois  évoquer une certaine souffrance. A ce moment là, j’ai eu le sentiment de passer de l’autre côté du miroir… et c’est un sentiment qui ne m’a jamais quitté depuis. Je me suis construit et aussi nourrie  de ces allers et retours entre l’extérieur et l’intérieur et je crois que c’est cette expérience que j’ai cherché et que je cherche toujours à transmettre et à partager au travers de ma vie professionnelle et artistique. Au final, mes photographies me permettent de pointer l’illusion de la réalité et l’illusion de la vérité…parce qu’il n’y en a pas qu’une.., chacun à la sienne.. c’est pourquoi je souhaite permettre à chacun de vivre cette expérience de l'autre et aussi celle de l'autre en soi"